Le lavage mortuaire
Laver le mort -ghasl al mayyit-, l’envelopper d’un linceul -takfîn-, prier sur lui et l’ensevelir, est une obligation communautaire -fard kifâya-, de sorte que si certains musulmans en assurent l’exécution, le péché de faillir à cette obligation ne frappe pas les autres.
La personne qui a le plus de droit à laver le mort, est celle qu’il a lui-même désignée dans son testament.
Ensuite vient le père du défunt, car il est plus affectueux à son égard et plus connaisseur en la façon de procéder que le fils du défunt, ensuite les autres dans leur ordre de parenté avec le défunt.
La femme est lavée par celle qu’elle a recommandée dans son testament, ensuite sa mère, puis sa fille, puis les autres dans leur ordre de parenté avec la défunte.
Il est possible que le mari lave son épouse, car le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit à Aïsha رضي الله عنها :
« Qu’aurais-tu à perdre si tu mourais avant moi, puisque je te laverais... » (1)
De même, il est possible que l’épouse lave son mari, car Abû Bakr رضي الله عنه a recommandé dans son testament que sa femme le laverait. (2)
L’homme, comme la femme, peuvent laver l’enfant qui a moins de sept ans, qu’il soit un garçon ou une fille, car la religion est tolérante concernant la nudité de l'enfant.
Lorsqu’un homme meurt uniquement entouré de femmes ou vice-versa, on doit remplacer le lavage par le tayammum ; il consiste à ce que l’un d’eux pose les mains sur le sol, ensuite les fait passer sur le visage puis les mains du mort.
Il est interdit au musulman de laver un mécréant ou de l’enterrer, conformément à la parole d’Allah le Très Haut :
"Ne prie jamais sur aucun d ’eux s’il meurt." (3)
Si la prière mortuaire sur lui, avec toute l’importance que comporte ce culte, est interdite, alors toutes les pratiques funéraires qui sont en deçà de la prière le sont aussi.
Le laveur doit couvrir les parties du corps qu’il est interdit de montrer -`awra-, puis lui enlèvera ses habits.
Il doit le mettre à l’abri des regards des gens, car il se peut qu’il soit dans un état déplaisant
Puis il soulèvera sa tête jusqu’à le mettre dans une position presque assise, puis pressera légèrement sur son ventre pour le débarrasser de ce qu’i1 pourrait renfermer, puis versera de l’eau en abondance pour nettoyer les impuretés
S’enroulant la main d’une serviette (ou un gant), il lavera les parties intimes sans les regarder et sans les toucher s’i1 s’agit d’un mort qui a plus de sept ans.
Il dira : « Bismi-LLah » (au nom d’Allah), puis pratiquera sur lui des ablutions comme celles de la prière, conformément à ce qu’a dit le Prophète صلى الله عليه وسلم aux laveuses de sa fille Zaynab رضي الله عنها :
« Commencez par le côté droit et les parties qu’on lave lors des ablutions.» (4)
Sauf qu’il ne devra pas rentrer l’eau dans ses narines ni dans sa bouche, mais il s’enroulera le doigt d’un tissu mouillé, le mettra entre les lèvres du défunt et frottera ses dents, nettoiera les narines aussi.
Il est souhaitable de laver sa tête et sa barbe à l’aide d’une mousse faite de mélange d’eau et du jujubier -sidr-
Avec le reste de cette eau, on lavera tout le corps.
Ensuite il lavera le côté droit de face.
Puis de dos (coté droit), il procédera de la manière pour le côté gauche, conformément au Hadith précité :
« Commencez par le côté droit ».
Il répétera l’opération une deuxième et une troisième fois conformément à ce qu’a dit le Prophète صلى الله عليه وسلم dans le Hadith précité :
« Lavez-la trois fois », en ayant soin, chaque fois, de lui presser sur le ventre.
S’il en sort quelque chose, il le lavera.
Au laveur de faire plus de trois lavages, voire même dépasser le nombre de sept s’il voit qu’il est nécessaire.
Relève de la Sunna le fait de mettre du camphre dans le dernier lavage, car le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit dans le Hadith précité :
« Mettez du camphre dans le dernier lavage »
Il s’agit d’un genre de parfum connu, il est frais et son odeur chasse les insectes.
Il est recommandé de laver le mort avec de l`eau froide, sauf si le laveur voit qu’il y a beaucoup de saletés sur le corps du défunt, dans ce cas, il peut utiliser de l`eau tiède.
Il peut aussi se servir du savon pour lui enlever les saletés, mais il ne doit pas le frotter brutalement car la peau risque de se décoller.
Il peut nettoyer ses dents à l`aide d’un cure—dents.
Il est souhaitable de raccourcir la moustache et les ongles du mort s`ils sont longs.
Quant aux poils des aisselles et du pubis, on ne les coupe pas.
On ne lui peignera pas les cheveux car ils risqueront de tomber ou de se couper.
Si le mort est une femme, on fera trois tresses de ses cheveux et on les laissera pendre dans le dos.
Il est souhaitable de sécher le corps (à l’aide d’un linge) à la fin du lavage.
Si quelque chose sort du mort (urine, selles ou sang) après sept lavages, on bouchera l’orifice naturel avec du coton, puis on nettoiera l’endroit souillé.
S`il en sort quelque chose après l’avoir enveloppé dans du linceul, on ne le relavera pas, car c’est gênant de le faire.
Le pèlerin (le grand pèlerinage —hajj- ou le petit pèlerinage -`umra—) qui se trouve en état de sacralisation -al-muhrim— sera lavé avec de l’eau et du jujubier —sidr—.
On ne le parfumera pas et on ne lui couvrira pas la tête s’il s’agit d’un homme, car le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit propos du pèlerin qui est mort en état de sacralisation :
« Ne le parfumez pas »
Et il صلى الله عليه وسلم a dit :
« Ne lui couvrez pas la tête; il sera ressuscité dans l’au-delà en faisant la talbiyya » (5).
On ne lavera pas le martyr tombé sur le champ de bataille; le Prophète صلى الله عليه وسلم a donné l'ordre que les morts de la bataille d’Uhud soient enterrés dans leurs habits et qu’ils ne soient pas lavés. (6)
On l’enterrera donc dans les vêtements dans lesquels il est mort, après lui avoir retiré son équipement de fer et de cuir.
On ne fera pas sur lui la prière des morts, car le Prophète صلى الله عليه وسلم n’a pas prié sur les martyrs de la bataille d’Uhud. (7)
On lavera l’avorton -siqt— qui a atteint quatre mois, on fera sur prière des morts et on lui donnera un nom.
Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit
« Le potentiel de création -khalq- de chacun de vous est rassemblé en un peu de liquide -nutfah· dans le ventre de sa mère pendant quarante jours, puis il est une adhérence -`alaqah- pendant une période similaire, puis il est une mâchure -mudgha- pendant un période similaire.
Allah demande ensuite à l’ange qui insuffle en lui l'ame. » (8)
C`est à dire que l’âme pénètre dans le corps après quatre mois.
Avant cette période. il n`est qu’un morceau de chair qu`on enterrera sans lavage ni prière.
Quand il est impossible de procéder au lavage du mort, parce que l’on manque d’eau ou que l’on craint la décomposition du corps ou que le mort est carbonisé, on pratique le Tayammum ; il consiste à ce que l`un des gens présents pose ses mains sur le sol, puis les fait passer sur le visage et les mains du mort.
Le laveur doit taire ce qu’il voit sur le défunt comme choses déplaisantes, tels que l'assombrissement de son visage ou la présence de traces désagréables sur son corps, ou des stigmates de ce genre.
Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :
« Celui qui a lavé un mort et a tu ses défauts, Allah l’absout quarante fois. » (9)
(1) Hadîth authentique rapporté par Ahmad. Voir ses sources dans l’épître intitulée « le lavage et l’inhumation -al-ghusl wa-l—kafan- » du shaykh Mustapha al `Adawi (page 46).
(2) Rapporté par `Abd ar—Razzâq dans al-Musannaf (n°6117)
(4) Unanimement accordé
(5) Unanimement accordé.
(6) Rapporté par al—Bukhâri.
(7) Unanimement accordé.
(8) Rapporté par Muslim.
(9) Rapporté par al—Hâkim et qualifié d`authentique par al-Albâni dans « Les règles des funérailles >> (page 51).
source : Pratiques funéraires : 40 Fatwas de Savant, 241 innovations
Cheikh Mouhammad Nacer-dine Al-Albany
Article paru sur 3ilm char3i
Ecrit le : 01/02/2023