Paroles sur la mort
Hier, Yûsuf est parti.
Il est revenu vers son Créateur, vers Celui qui l'a tiré des ténèbres vers la lumière et lui a fait aimé la voie des Pieux prédécesseurs.
Il est parti et nous nous restons.
Nos cœurs sont tristes, nos yeux pleurent, mais nous ne disons que ce qui satisfait notre Seigneur.
Pas un savant, pas un grand étudiant en science, mais simplement notre frère, notre ami, notre bien aimé.
Nous entendons tous parler de la mort, tous les jours, aux quatre coins du monde, mais lorsqu'elle frappe les proches ce n'est plus pareil. (traduction rapprochée)
« Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et annonce la bonne nouvelle aux endurants qui disent, lorsqu'un malheur les atteint : « Nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournons. » (Al-Baqarah, v.155-156)
Nos cœurs pleurent, signe peut être qu'ils ne sont pas encore tout à fait morts, et nous disons :
إن لله وإن إليه راجعون
« Nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournons. »
La mort, si elle est une épreuve, est aussi une miséricorde pour les croyants.
Celui qui meurt revient vers son Seigneur et commence à goûter les fruits de ses efforts, et pour ceux qui restent elle est également une miséricorde car elle est un rappel de l'au-delà et du but de la création.
Allah dit (traduction rapprochée) :
« Et craignez le jour où vous reviendrez vers Allah. »
Le Prophète (salallahu' alayhi wasalam) encourageait aussi les Compagnons à se souvenir de la mort lorsqu'il dit :
« Rappelez souvent de celle qui détruit les jouissances » ; il dit aussi : « Je vous interdisais de visiter les cimetières. Aujourd'hui visitez-les car ils vous rappellent la mort. »
Le Prophète (salallahu' alayhi wasalam) disait cela aux êtres les plus pieux et les plus détachés de ce monde après les prophètes et les messagers.
Ainsi, la mort de notre frère doit être pour nous un rappel, et comme nous, vous êtes tous entourés d'êtres chers.
La vie d'ici-bas, nos fausses certitudes nous font penser que la mort ne frappe que le vieillard, mais un jour l'Ordre d'Allah se réalise et frappe celui qu'on pensait épargné jusque-là.
Dans nos sociétés, la mort est écartée, rejetée, rien n'est fait pour lui faire face et s'y préparer.
Et ce n'est pas ainsi que vivaient nos pieux prédécesseurs, la mort était constamment dans leurs pensées et cela contribuait à augmenter leur foi et leur piété.
C'est pourquoi nous avons voulu, en guise de rappel, pour nous et nos frères et
sœurs, rapporter quelques paroles des salafs sur la mort. Seulement,
nous demandons une seule chose : ne lisez pas ces paroles comme on lit de
la poésie.
Arrêtez-vous sur chacune d'elles, relisez-les plusieurs fois, méditez
profondément sur leurs sens. Car ce sont là les dires de grands savants de la
communauté qui nous donnent à voir des vérités qu'ils ont peut être mis une vie
entière à réaliser et atteindre.
Donc craignez Allah et faites de ce que vous lirez une science utile qui
changera votre vie.
Qu'Allah fasse miséricorde à notre frère et qu'Il nous accorde la constance et
la rectitude dans la croyance et les œuvres. Âmîn.
- 'Amîr ibn Rabî'ah rapporte : j'ai
entendu 'Umar ibn Al-Khattâb prendre un fétu de paille et dire :
« J'aurais aimé être ceci, j'aurais aimé
que ma mère ne m'enfante jamais, j'aurais aimé être totalement oublié. »
(Az-Zuhd d'Abû Dâwûd, p.89)
- Abû Usâmah rapporte : « Lorsque
Sufyân At-Thawrî est tombé malade, j'ai apporté son urine à un docteur, et il
me dit : « C'est là l'urine d'un homme dont la tristesse a fendu le
foie, il n'y a aucun remède. »
(As-Siyar, 7/270).
- Lorsqu'on demandait à Ar-Rabî' ibn Khuthaym : « Comment te sens-tu ce matin ? » Il disait :
« Nous nous sommes levé plein de péchés, nous mangeons notre subsistance
et nous attendons notre Heure. »
(Al-Musannaf, 7/228)
- On demanda à 'Atâ As-Sulaymî : « Pourquoi es-tu si triste ? » Il
dit : « Malheur à toi, la mort plane sur moi, la tombe sera ma
demeure, la Résurrection sera mon lieu de rendez-vous, le pont de l'Enfer sera
mon chemin et je ne sais ce que l'on fera de moi. » (Sifah
As-Safwah 3/327)
- Ibrâhîm ibn 'Isâ rapporte : « Je
n'ai jamais vu quelqu'un de plus triste qu'Al-Hasan. A chaque fois que je le
rencontrais je pensais qu'il venait d'être atteint d'un malheur. »
(Sifah As-Safwah 3/326)
- Ibrâhîm At-Taymî a dit : « Celui
qui n'est pas triste doit craindre d'être parmi les gens de l'Enfer, car les
gens du Paradis diront : « Louange à Allah qui a fait
disparaître notre tristesse. » Et celui qui n'éprouve aucun
compassion doit craindre d'être parmi les gens de l'Enfer, car les gens du
Paradis diront : « Nous étions avant cela dans nos familles,
plein de compassion. »
- On demanda à Abû Hâzim : « Comment
se fait le retour vers Allah ? » Il dit : « Le retour du
serviteur obéissant est comme celui de l'absent qui revient vers sa famille qui
espère le revoir ; et le retour du désobéissant est comme le retour de
l'esclave fugitif vers son maître en colère. » (Latâ'if
Al-Ma'ârif /135)
- Un groupe de gens est rentré chez Abû 'Abd Ar-Rahmân As-Sulamî alors
qu'il était malade et certains ont chercher à lui redonner espoir (de
guérison). Il dit : « J'espère (en la
rencontre) de mon Seigneur, et pour lui j'ai jeûné 80 mois de Ramadan. » (Husn
Ad-Dhan billah /126)
- Abû Ad-Dardâ dit : « Ô
gens de Damas ! Venez écouter le conseil d'un frère ! Qu'ai-je à vous
voir construire des maisons que vous n'habitez pas, amasser des biens que vous
n'utilisez pas, poursuivre des rêves que vous n'atteindrez pas ? Ceux
d'avant vous ont bâti de grandes constructions, eu de grands rêves, amassé
beaucoup de biens, mais leurs rêves les ont trompés, leurs biens sont devenus
poussière et leurs demeures des tombes. » (Qasr Al-Amal,
Ibn Abî Ad-Dunyâ / 160)
- Bakr ibn 'Abd Allah rencontra Abû Jamîlah et lui
dit : « Comment te
sens-tu ? » Il dit : « Par Allah je suis comme un homme qui
a tendu son cou sous une épée qui attend qu'on frappe son cou. » (Qasr
Al-Amal : 42)
- Ismâ'îl ibn Zakariyyâ était le voisin de Habîb Abû Muhammad,
et il dit : « Au soir je l'entendais
pleurer, au matin je l'entendais pleurer, je suis donc allé voir sa femme et
lui ai dit : pourquoi pleure-t-il matin et soir ? Elle dit :
« Par Allah ! Il craint lorsqu'il se couche de ne pas voir le matin,
et lorsqu'il se lève de ne pas voir le soir. » (Qasr Al-Amal :
63)
- 'Ubayd Allah ibn Shamît rapporte qu'il a entendu son père
dire : « Ô toi qui est trompé par ta
santé, n'as-tu jamais vu quelqu'un mourir sans maladie ? Ô toi qui est
trompé par la longueur de son existence, n'as-tu jamais vu quelqu'un mourir
sans délai ? » (Qasr Al-Amal : 67)
- Lorsque Muhammad ibn Wâsi' voulait aller dormir il
disait à sa famille : « Je vous confie
à Allah (l'invocation du voyageur), ce sera peut-être le sommeil dont je ne
reviendrais pas. » c'était là son habitude lorsqu'il voulait dormir.
(Qasr Al-Amal : 227)
- Yazîd Ar-Ruqâshî disait : « Jusque
quand allons-nous dire : demain je ferais cela, à la rupture du jeûne je
ferais ceci, en revenant de voyage je ferais cela ! As-tu oublié le long
voyage qui t'attend et l'ange de la mort ? Ne sais-tu pas que chaque nuit
beaucoup d'âmes disparaissent ? Ne sais-tu pas que l'ange de la mort
n'attendra pas ? Ne sais-tu pas que la mort est la fin de toute
chose ? » (Qasr Al-Amal : 80)
- Ibrâhîm An-Nakha'î pleurait auprès de son épouse et elle
pleurait auprès de lui, et il disait : « Aujourd'hui
nos œuvres sont présentées à Allah. » (Lundi et jeudi) (Sifah
As-Safwah, 2/673)
- Lorsque Bakr ibn 'Abd Allah Al-Mazanî voyait un
vieillard, il disait : « il est
meilleur que moi, il a adoré Allah avant moi. » Et lorsqu'il voyait un
enfant, il disait : « il est meilleur que moi, il a accompli moins de
péché que moi. » (Muhâsabah An-Nafs /79)
- Al-Fudhayl ibn 'Iyâdh disait : « Pauvre de toi ! Tu fais le mal et pense être
noble ! Tu es bête et tu penses être intelligent ! Ta vie est courte
et tes espoirs sont grands ! » (As-Siyar, 8/440)
- 'Abd Allah ibn Mas'ûd a dit : « Le croyant ne trouve le repos que lorsqu'il
rencontre Allah. » (Az-Zuhd : 194)
- Bilâl ibn Sa'd a dit : « Un
homme peut être trompé, il est joyeux, mange, bois et rit, alors que dans le
Livre d'Allah il est écrit qu'il est un combustible de l'Enfer. »
(Sifah As-Safwah, 4/216)
- Ahmad ibn Harb a dit : « L'homme
préfère (la fraîcheur) de l'ombre à (la chaleur) du soleil, puis il ne préfère
pas le Paradis à l'Enfer ! » (Al-Ihyâ, 4/568)
- Mâlik ibn Dînâr a dit : « Par
Allah ! Si je pouvais ne pas dormir, je ne dormirais pas, de peur qu'un
châtiment n'arrive alors que je dors. Par Allah ! Si je trouvais de l'aide
parmi les hommes, je les éparpillerais sur terre en leur disant de dire aux
gens : l'Enfer ! L’Enfer ! » (Az-Zuhd /
387)
- Salmân ibn Muslim Al-Khutalî rapporte que Ghazwân Ar-Ruqâshî regarda
l'immense foule au jour du 'Id et il se mit à pleurer. Il
dit : « Je n'ai rien vu qui ressemble
plus au Jour de la Résurrection. » puis il rentra chez lui malade. »
(As-Shu'ab, 3/3723)
- Abû Nu'aym rapporte que lorsque Sufyân At-Thawrî se
rappelait de la mort, il restait plusieurs jours sans qu'on puisse rien tirer
de lui. Lorsqu'on l'interrogeait sur une chose, il disait : « je ne sais pas, je ne sais pas. » (Musnad
Ibn Al-Ja'd : 284)
- Lorsqu'on demandait à Muhammad ibn Wâsi' : comment
vas-tu ? Il disait : « Que
penses-tu d'un homme qui avance chaque jour vers l'au-delà ? » (Al-Hilyah,
6/348)
- Ar-Rabî' ibn Badr passa à côté d'un groupe d'hommes alors qu'ils creusaient une tombe pour un mort. Il leur dit : « Qui est cet étranger parmi vous ? » Ils dirent : Ce n'est pas un étranger mais un proche et bien aimé. Il dit : « Et qui est plus étranger que le mort parmi les vivants ? » Et tous se mirent à pleurer. » (Al-Hilyah, 6/297)
- Muslim ibn Ibrâhîm rapporte que Hishâm Ad-Dustawâ'î n'éteignait
pas sa lampe jusqu'au matin, et il disait : «
Lorsque je vois les ténèbres de la nuit, cela me rappelle les ténèbres de la
tombe. » (Al-Hilyah, 6/278)
- Hamâd ibn Zayd rapporte que 'Atâ ne parlait pas, et
lorsqu'il parlait il disait : « 'Atâ
demain à cette heure tu seras dans la tombe ! » (Al-Hilyah,
6/221)
- 'Umar ibn 'Abd Al-'Azîz dit à Abû Hazm : « Fais-moi une exhortation (un rappel). » Abû Hazm lui dit : « Allonge-toi, mets la mort auprès de ta tête et
regarde ce que tu aimerais avoir auprès de toi à cet instant et fais-le
maintenant, et regarde ce que tu détesterais trouver auprès de toi à cet
instant et délaisse-le maintenant. » (Al-Hilyah, 5/317)
- Ibn Mubârak écrivit à son frère Sufyân qui se plaignait
d'avoir perdu la vue : « Ô mon
frère ! J'ai bien compris dans ta lettre ce dont tu te plains auprès
d'Allah. Souviens-toi de la mort, cela te rendra plus facile le fait d'avoir
perdu la vue. Wa As-Salâm. » (Al-Hilyah, 7/22)
- Khalîd Al-'Asîrî a dit : « Nous
sommes tous convaincu de la venue de la mort, mais nous ne voyons personne s'y
préparer. Nous sommes tous convaincu de l'existence du Paradis, mais nous ne
voyons personne œuvrer pour cela. Nous sommes tous convaincu de l'existence de
l'Enfer, mais nous ne voyons personne le craindre. Jusqu'où pensez-vous vous
élever ? Quels espoirs attendez-vous ? La mort ? Elle est le
premier annonciateur de votre Seigneur, en bien ou en mal. Ô mes frères !
Dirigez-vous comme il se doit vers votre Seigneur. » (Qasr
Al-Amal : 152)
- Yahyâ rapporte que lorsqu'ils assistaient à un enterrement
cela se voyait plusieurs jours sur leur visage. (Al-Musannaf, 7/205)
- 'Abd Allah ibn Amrû ibn Al-'Âs rapporte que lorsque son père
agonisait, il disait : « Ô Allah, Tu
nous as ordonnés et interdits beaucoup de choses, et nous avons délaissé
beaucoup de Tes commandements et sommes tombés dans beaucoup de Tes
interdictions. Ô Allah, il n'y a de divinité digne d'adoration que
Toi ! » Puis il saisit son doigt et ne cessa de prononcer
l'attestation de foi jusqu'à mourir. (Al-Mutadhirîn / 201)
- Lors de son agonie Yazîd Ar-Ruqâshî pleura et
dit : je pleure pour ce que je vais laisser
de jeûne et de prière de nuit. Il pleura encore et dit : « Ô
Yazîd ! Qui priera pour toi après ta mort ? Qui jeûnera pour
toi ? Qui se rapprochera d'Allah par des œuvres pieuses pour
toi ? » (Latâ'if Al-Ma'ârif /519)
- 'Abd Al-'Azîz ibn Abî Rawwâd a dit : « je
suis entré chez Al-Mughîrah pendant la maladie qui a entraîné sa
mort, et je lui dis : Conseille-moi ! Il me dit : « Œuvre
pour cet instant. » (Al-Hilyâh, 8/194)
- Habîb Al-'Ajamî pleura lors de son agonie et dit : « Je veux faire un voyage que je n'ai jamais fait et
emprunter une route que je n'ai jamais empruntée. » (Latâ'if
Al-Ma'ârif /415)
- Abû 'Isâ rapporte : « Nous sommes entrés chez Mâlik
ibn Dînâr lors de son agonie, il regardait autour de lui et
disait : « C'est pour ce jour que Abû
Yahyâ (càd lui-même) s'est préparé. » (Al-Hilyâh, 2/382)
- Abû Ja'far Al-Hanât rapporte : Nous avons assisté à la mort de 'Abd
Allah ibn Ja'far et nous étions assis à ses côtés lorsqu'il dit :
« L'ange de la mort est arrivé !
Prends mon âme comme tu prendrais l'âme d'un homme qui a dit pendant 90
ans : j'atteste qu'il n'y a de divinité digne d'adoration qu'Allah et que
Muhammad est Son serviteur et messager. » (As-Siyar,
15/554)
- 'Abd Al-Mâlik ibn Marwân a dit lors de la maladie qui a
entraîné sa mort : Levez-moi ! Ils le levèrent jusqu'à ce qu'il
puisse sentir l'air ambiant (le vent) et il dit : « Ô vie d'ici-bas ! Comme tu es douce, mais la
longueur de ton temps est bien courte ! Et ton abondance est bien vile et
nous avons été trompé à ton sujet ! » (As-Siyar,
4/250)
- Al-Mazanî rapporte : Je suis entré chez As-Shâfi'î lors
de la maladie qui a entraîné sa mort, et je lui ai dit : comment te
sens-tu ? Il me dit : « Je quitte
cette vie, je me sépare de mes frères, je vais boire à la coupe du destin, je
vais rencontrer mes mauvaises actions et revenir vers Allah, et je ne sais pas
si mon âme se dirigera vers le Paradis afin que je la félicite ou si elle se
dirigera vers l'Enfer afin que je lui présente mes condoléances. » puis il
pleura. » (As-Siyar, 5/99)
Publié par salafs.com
http://www.3ilmchar3i.net/article-26034261.html
Ecrit le : 05/05/2023